*Article concocté le samedi 20 aout...

Pendant la mousson, il pleut presque tous les jours, des fois plusieurs jours de suite. Le soleil n'apparaît que très rarement mais lorsqu'il décide de se glisser entre de gros nuages noirs menaçants, cela a cet effet de nous procurer un bien fou.

On voudrait alors être un chat pour se dorer la pilule sous les rayons salvateurs de l'astre céleste comme ces chats qui trainent dans mon jardin et qui ont l'autorisation d'y séjourner juste parce qu'ils chassent la souris (la vraie)... Sinon ? (n'imaginez rien de ...mais...).

La nature en profite, du peu de temps que le soleil se manifeste, pour accélérer son développement, son envahissement, les fleurs, les herbes folles, les arbres donnent l'impression de grandir à vue d’œil !

 

[...]

 

La semaine dernière, durant le weekend de la fête des mères en Thaïlande (le 12 aout), les vents ont tournés ; oh ! Pas grand chose, mais suffisamment pour que les pluies de mousson qui viennent généralement du sud, sont donc arrivées du sud-est et lorsque cela vient du Vietnam, c'est toujours coton. Alors durant deux jours nous avons connues des pluies diluviennes, accompagnées de vents violents, orages,éclairs et coups de tonnerre en quantité gargantuesque ! Nous sommes (cliquez là pour la carte satellite), le village de Ban Pangkhan, coincé entre la Mea Nam Chi et la Mea Nam Yang, la dernière rejoignant la première avant Yasothon et celle-ci se jetant alors dans la rivière Mun avant Ubon Ratchathani et finalement la Mae Nam Mun (prononcez « Moun ») se jette dans le fleuve Mékong.

Autour de chez nous, nous avons de nombreuses résurgences des deux rivières premièrement citées et qui ne se chargent d'eau qu'en pleine saison des pluies. Ces méandres d'eau ruisselante de petites et moyennes tailles sont la garantie de bonne récolte de riz mais aussi la possibilité de créer momentanément puis artificiellement, grâce à des aménagements du territoire importants de grandes réserves d'eau douce permettant de ne jamais en manquer !

Il y a forcement des inconvénients à tous ces avantages. Être entouré d'eau, c'est bien mais le risque est d'avoir trop d'eau !

 

le village, à gauche ou à droite de la route ?

 

Ici, autour de Sélaphum, à 130 mètres d'altitude, le terrain est plat, vraiment plat, l'horizon est souvent infini, comme en mer par jours de temps au beau fixe. Donc si inondation il doit y avoir, elle n'est pas subite, mais insidieuse, on la voit arriver au jour le jour sans réellement la craindre. Tous les jours, tout le monde surveille son avancée inexorable; même moi, je « navigue » avec mon vélo (avant de voguer en bateau ?) vers des points de vue différent et je me plais à comparer, jauger. Chacun trouve sa vigie et y va de son commentaire, de son évaluation ! Je passe voir régulièrement tous ces "observateurs" et écoute leur avis.

J'ai vu les paysans couper le riz, ils ont sorti les moissonneuses à riz, certains riz n'étant mêmes pas mûrs.

 

Juste derrière cette rizière fraichement coupée, l'eau guette, elle recouvre la plaine.

La "bête"pour moissonner...

 

Ceux de Ban Potak, village le long de la rivière YANG, subissant annuellement les inondations ont depuis longtemps abandonner la culture le riz au jasmin en période « normale ». En culture intermédiaire, ils font du riz Khao Na Pang, mûr plus vite, avec la possibilité de le récolter rapidement à la machine ! Ils font « leur riz traditionnel» plus tard, profitant du limon que la rivière dépose à chaque inondation; cet engrais naturelle qui leur permet alors de faire deux récoltes de riz car il pousse beaucoup plus vite sans avoir à utiliser d'engrais chimiques ; l'eau nécessaire sera stockée pendant la mousson pour être utiliser en cas où la rivière serait à sec durant saison chaude.

 

La rivière Yang, vue du temple de Ban Potak

 

Ils font ça depuis des lustres !

Eh oui ! Pourquoi resteraient-ils à habiter là, si ce n'est que pour subir la montée eaux ? Ils font même désormais une récolte vite fait de Khao Na Pang grâce à l’avènement de la machine et continuent à vivre sur pilotis pendant presque deux mois .

Donc le mardi de la semaine dernière en partant comme d'habitude en vélo, je croisais deux gros camions de la sécurité civile avec remorques chargées de bateaux.

La veille, je trouvais l'eau très près des habitations et je me disais qu'ils montaient avec tout ce matériel pour évacuer des gens isolés. J’avançais encore sur la route à la sortie du village et je remarquais que les digues qui avaient été rehaussées il y a cinq ou six ans, afin de protéger les rizières des débordements de la résurgence Mae Nam Chi Noï, celle qui longe le village, avaient été largement submergées.

 

 

Les rizières étaient inondées. Si les plants étaient trop jeunes, trop petits, ils étaient foutus, les plants plus grands pourraient vraisemblablement être sauver si on pompait l'eau.

Enfin la pomper c'est bien mais pour la mettre où ? Le moindre bout de terrain est rempli d'eau, les rivières et réserves d'eau sont pleines.

Je continuais à avancer et je m’arrêtais à la sortie du premier virage toujours à la sortie du village où six ans en arrière mon pickup était tombé par l'arrière dans une sorte de marigot, après moult tourniquets sur la chaussée. Il fut juste sauvé de l'engloutissement (moi aussi par la même occasion) par de jeunes et souples eucalyptus qui l'avaient empêché de sombrer dans ce vaste trou d'eau. Me remémorant cette chute, je me disais :  « cela était arrivé lorsque l'eau était à raz bord de la route, certes comme aujourd'hui, mais cela s'était passé fin septembre et là nous n'étions que le 17 aout, cela promettait ! ». En effet, septembre est le mois où généralement les précipitations sont les plus fortes, donc si le ciel ne décidait pas de la mettre en veilleuse pour un petit moment, nous serions sûrement très rapidement les pieds, les jambes et le torse dans l'eau et la tête et la tête...Alouette... Si on s'obstinait à rester là!

Serait-ce les larmes de Bouddha ?

Non ! Pas de superstition, mais tout de même, quelqu'un aurait-il eu l'imprudence de pratiquer un « mauvais mérite » ? Non ! Pas moi,heu...Je ne crois pas?

Un peu plus loin dans le virage, je voyais sortie d'un trou qui avait du être sien et qui avait du se remplir d'eau un magnifique cobra « écrabouillé » sur l’asphalte totalement détrempé. Il avait survécu des années puis à l'inondation mais seul un pick-up avait eu raison de lui...

Du coup après cet arrêt devant l'endroit de la chute du pickup où un bateau bleu avait pris place (je me disais : « c'est un présage, faudrait-il acheter un bateau ? Une barque contre un pick-up ? »), la pluie reprenait et je décidais de rebrousser chemin .

Je passais de nouveau par l’école et constatais (je n'avais pas fait attention, il y a à peine quinze minutes lorsque j'avais laissé le fiston dans la cour) que la rivière léchait l’arrière des bâtiments de l’école, un des instit' présent, me disait alors que c’était normal... Alors si c’était normal... Rien à dire !

Je repartais vers le pont à l’entrée du village, coté Ban Kwao (là, où les levers de soleil sont magnifiques), il y avait beaucoup de monde. Ils étaient là, comme moi d'ailleurs, pour « bung nam » (regarder l'eau).

 

 

En fait l'eau débordante emmenait un flot de poissons et de bestioles en tous genres et bien-sur «le gène pêcheur-cueilleur-chasseur» jamais éteint dans l’âme de la personne d'ISAN, ressurgissait comme l'eau de la rivière. Tout le monde était à la baille avec des filets ou à fabriquer tel des castors des barrages en bambou pour chopper le poisson. D'autres activaient les grands filets chinois à balancier pour les mêmes raisons.

Les arquebuses étaient aussi de sortie, de grands « boum » réguliers se faisaient entendre dans les fourrées derrière les bambouseraies pour chasser «je ne sais quoi».

Après ces observations et ces rencontres du matin, je rentrais à la maison et partais faire un tour au marché, à Sélaphum (je sors des fois du village, non mais !) . Très vite, je croisais trois ambulances et sept pick-ups de la sécurité civile (rien que ça). Je me disais : «eh bien, il y avait vraiment du monde mal en point un peu plus haut ».

A mon retour et lors de mon absence, le chef du village avait annoncé dans les grands haut-parleurs qu'il ne fallait pas s’inquiéter que ce n’était qu'un exercice en prévision d’éventuelles inondations...Ah bon, alors pas de soucis...C’était normal...

En fait tout était normal, comme l'avait dit l'instit' plus tôt dans la matinée ! Pour l'instant les inondations étaient au nord, dans la plaine, à Sukkhotaï par exemple...

Chez nous, apparemment ce n’est pas pour tout de suite. 

Demain peut-être ?

Paille Kheundheu...

*juste pour dire que ce n’était peut-être que la première partie de cet article...

Pourvu qu'il n'y ait pas de suite !

A la veille de la publication, je crois hélas qu'il y aura une suite...

A suivre, pêle-mêle, toutes les photos en miniature .

En cliquant sur chacune d'entre elles, vous pourrez les voir en taille normal !

Je rappelle que vous pouvez retrouver toutes mes photos sur mes albums sur Picasa ,rubrique dans la colonne de droite !

En allant du village vers Ban Potak

 

 

 A Ban Potak

 

 A Ban Pangkhan et alentours