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DAKHA-KATMANDOU! D'un cliché à l'autre!
On avait beau se déplacer dans les allées et coursives de l'avion, rien à faire, l’Himalaya restait invisible. On aurait aimé apercevoir ces montagnes magnifiques, surtout l'Everest, mais on se serait bien contenté d'un des sommets des autres montagnes au nom mythique que sont les Annapurnas ou bien le Daïlaugiri mais les nuages nous privèrent irrémédiablement de ce spectacle.
La première fois que j'avais vu « La chaine de montagne », gigantesque et majestueuse fut lorsque deux jours auparavant survolant la vallée du Gange en direction de Dakha, certains avaient ouverts les volets des hublots au moment où le soleil pointait son nez en pleine face notre avion. Si on regardait vers l'avant, de biais, on remarquait une couleur jaune orangée vive et puissante, à notre perpendiculaire, le jour se levait et les cimes de l'Himalaya s'étaient offertes à nous !
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Ce fut un moment inoubliable, les cimes enneigées, des dizaines et des dizaines de sommets prenaient une teinte jaune opaque sur fond de ciel encore mal réveillé. Tout le monde dormait et je m’étais déplacé, me rapprochant d'une femme d'un certain age qui observait, admirait le « show ». Je lui parlais et elle eut la gentillesse de me faire la présentation ! Un panorama époustouflant du Pakistan jusqu'au fin fond du Bouthan ! Eh bien, je crois bien que ce fut la seule et unique fois où j'ai réellement vu ces montagnes dans leur ensemble. Un jour, à Katmandou, une journée où il y avait eu du vent qui avait alors poussé les nuages, nous avions pu apercevoir l'Everest ! Il se retrouve quasiment toute l’année, la tête dans les nuages ! « Trop haut, trop grand » diront certains ! Lors du trek que nous ferions plus tard nous aurions l'occasion de s’émerveiller sur d'autres cimes mais l’Everest, on pouvait le dire alors :
« Rien à signaler ! » .
Ce jour là, au dessus de la capitale népalaise, après avoir fait des ronds dans l'air avec notre avion, l'horizon étant bouché, nous pouvions nous concentrées sur ce que nous voyions au sol. On vit des collines et des collines à perte de vue ornées d'habitations et puis notre ami nous montra la piste d’atterrissage de l’aéroport international de Katmandou. En l'apercevant en bas, je pouvais alors comprendre la raison, l'obligation de voler sur des avions de moyennes tailles sur cette ligne afin de nous permettre de rejoindre le sol sans encombre. La piste était coincée au milieu de petites montagnes et bloquée plein nord par le mur que représentaient les colosses de l'Himalaya ! Je n’étais pas encore aguerri aux voyages en avion et c'est sans être rassuré que nous avons tant bien que mal atterri sans encombre ! Après les souvenirs sont flous, un taxi qui comme tous les taxis du monde avait repéré ses bizuts de l'Asie et qui nous demanderait un prix exorbitant mais si on y repense, on en n'est pas mort, on en n'est pas moins riche, alors j’espère que cela aura rendu une famille heureuse ! Enfin là, n'est pas le propos !
En arrivant dans l’après-midi, nous étions attendus. Nous, je le rappelle, le groupe hétéroclite de semi sportifs et semi bringueurs invétérés ! Nous arrivâmes dans un hôtel moderne et récent dans un quartier « chic » de la capitale, un jeune népalais francophone et francophile nous accueillit et je me souviens, nous offrit notre premier « Namasté » : les mains jointes sur la poitrine, pointées vers le haut en s'inclinant vers nous légèrement . Nous lui rendîmes sans jamais savoir si nous avions bien opéré ce geste qui quelques années plus tard, en Thaïlande, je pratiquerais presque quotidiennement mais qu'on nommerait « Waï » ! Cet adolescent, Prabin, que je ne revis jamais, est désormais entre la France et le Népal. Jacques Baum, son mentor, est à l'origine de la maison du Népal à Gap, en France et de la promotion de ce pays pour un tourisme responsable. L’hôtel où nous arrivions étaient d'ailleurs une de ces premières réalisations en partenariat avec les autochtones, dans la capitale ! Nous avions donc un jour de retard sur « le programme » et notre journée prévue à arpenter la capitale, n'aurait pas lieu, nous devions partir le lendemain pour la « Trisuli river »...On s'installa donc dans notre chambre qui était loin d’être typique et nous sommes partis nous promener dans les ruelles étroites de Katmandou, l'envie de se muer au milieu de ce que nous pensions être « la vraie Asie » .
Une double artère traversait la vielle ville, de Durbar Square où les temples et palais de Rois oubliés trônaient pour rejoindre une route périphérique moderne où la circulation automobile était dense. Tout le long de ces deux coursives, il y avait des marchands qui étalaient à même le sol, leurs légumes, fruits et autres denrées essentiellement comestibles. C’était un gigantesque marché où se bousculaient des centaines de piétons, de chalands, pas forcement des touristes mais beaucoup d'habitants de la capitale en quête de leur repas du soir. Les maisons étaient toutes de bois, certaines ornées de sculptures, la plupart vermoulues et sales, pas vraiment sales mais comme moisies de ne pas voir le soleil qui devait atteindre le terre battue de la rue que très occasionnellement. Les maisons étaient tellement hautes et serrées les unes contre les autres (peut-être pour se réchauffer entre elles car il faisait vite très froid le soir, au mois de novembre à Katmandou) que le soleil avait donc peut de chance de s'imposer ! On remarquait, derrière les vendeurs de rues, des boutiques vendant toutes sortes de produits, de la quincaillerie à la pharmacie, ouvertes ou non mais qui étaient presque toutes en train de subir un grand nettoyage !
Un ménage de printemps en hiver, étrange, pour nous occidentaux !
Certains propriétaires repeignaient même les devantures, en bleu et blanc (ce ne devait être que les seules couleurs disponibles a l’époque, peut-être) je ne sus jamais, si cela avait une signification, la seule chose que l'on nous a dit est que c’était le début de la fête des lumières ! Ah Ah ! Diwalee(i) ou Dipawallee, l’équivalent de Loy Kratong en Thaïlande, le douzième mois lunaire, le « renouvellement du ciel », changement du thème astral, se laver de ses pêchés et j'en passe. Quelques personnes, le soir, installeront des bougies sur le pas de leur porte . C’était beau et grouillant mais nous avions déjà nos chaussures de marches et nos laines polaires comme des vrais, et je l'avoue que trop de chose à voir ne permettent pas de voir et comprendre ce que l'on voit.
J'avais déjà vu au soleil couchant des temples et encore des temples s'illuminer, certains minuscules d'autres très grands ; des stupas, imbriqués dans les habitations comme si les temples avaient été là avant que les gens n'y construisent leur maison, c’était d'ailleurs vraisemblablement le cas...Les gens bloquaient le passage des ruelles, se tenant à la queue leu leu, ils étaient, tous les cents, peut-être même tous les 50 mètres, ils attendaient leur tour pour déposer leurs offrandes à de multiples dieux qui les protègeraient soit du mal de dents (cela m'avait marqué, dans Durbar Square, des gens accrochaient des dents et bouts de dents pour surement garder celles qui étaient encore saines), du mal de ventre, le dieu qui vous promettrait de nombreuses naissances et j'en passe car Katmandou était truffé de plus de 4000 temples ! On rentra à l’hôtel avec plein de lumière dans les yeux, du bruits, beaucoup de bruits, des odeurs, certaines exécrables. Le lendemain, nous devrions se lever tôt pour rejoindre le départ de la rivière Trisuli. Nous reviendrons à Katmandou, à notre retour de la rivière mais aussi après notre trek mais aussi l’année suivante, cela était envoutant et il faut le dire, si nous voulions revenir, c’était pour essayer de comprendre pourquoi nous étions déjà fasciné par ce qui serait plus tard être une infime partie de ma passion de l'Asie, de l'Inde, qui venait de naitre en moi ! Envouter pour la vie, je l’étais ! Hier encore, dans les rues de Dakha, je n'avais vu que la misère, parce que je ne voulais voir que ça ! Et puis comme par magie, aujourd'hui, j’étais dans un rêve ! Dans les deux endroits rien n’était ni blanc ni noir, en y réfléchissant bien, comme toutes les premières fois, j'étais obnubilé tel un nouveau-né découvrant le monde, on ne voit, on ne ressent que ce que l'on veut voir ou nous montrer !
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