Jeff de Pangkhan, l'homme des rizières, un farang-isan, nord est de la Thaïlande
«Quelle horreur ! Je ne suis rien de tout ça ! Un pied doit être habillé, élégant, galbé, bichonné, tiré au cordeau, tout simplement recouvert d'une belle chaussure, d'un cuir, d'un tissu noble mais jamais être mis en pâture à ces accessoires horribles faits de latex, plastiques ou autres matières indéfinies !». Je connais quelques personnes qui pourraient s'exprimer ainsi, particulièrement une amie qui se reconnaîtra (décidément), que j'appellerai M. d'ailleurs pour ne pas dévoiler sa vraie identité ; elle est de toute manière moins catégorique que je le laisse entendre plus haut...Mais comme avec JD, je reviendrai sur «leur cas» qui est loin d'être désespéré !
Alors ce qui va suivre n'est pas pour vous, amoureux des belles pompes ! Quoique, rien ne vous empêche de découvrir secrètement, laissant votre conscience dans le placard (à chaussures ?) et découvrir un monde que vous côtoyez peut-être sans jamais avoir osé le «chausser» !
Il y a donc trois catégories de personnes, c'est le sujet, mais l'on peut dire dans un premier temps qu'il y en a tout d'abord deux grandes catégories :
Celles qui marchent avec chaussures et celles qui marchent pieds nus !
Dans ce cas là, on pourrait vite dire qu'il y a donc les personnes qui ont les moyens d'avoir des pompes et les autres non ! Je ne parlerai pas de l'humanoïde qui le fait par conviction profonde, attachement à la terre, connexion terre-ciel et puis ceux qui le font par «boboïsme», mais c'est une catégorie à part dont je ne parlerai pas.
Je dirais pour faire court, qu'il y a donc dans chaque catégorie, les démunis et les autres, mais ce n'est si simple que ça.
"elle n'a pas eu le modèle qu'elle voulait"
Il y a bien des démunis en Sibérie orientale voire centrale comme en Terre de Feu qui pour une raison vitale doivent se recouvrir les pieds !
Dans les pays du sud, il y a ceux qui ont accès à la pompe faite maison, faite de bric et de broc ou voire celle en plastique, ce sont souvent des demi-démunis ; il y a ceux qui ont les moyens de se chausser correctement et qu'il le font alors par goût ou pour montrer leur rang sociale, même si chez ces gens là, ampoules et mal au pied ne les feraient revenir en aucun cas vers la «spartiate», statut oblige !
Je ne connais pas le pourcentage de chacune de ces deux catégories «pieds nus et pieds habillés», mais il serait fort à parier que celle des pieds galbés soit plus nombreuse que l'autre !
Résumons :
Chez les nu-pieds, il y a ceux qui n'ont pas le choix venant principalement des pays du sud et ce petit nombre «d'originaux» dont je parlai en amont.
Chez les galbés, il y a bien sur les gens qui en ont les moyens, ils se retrouvent dans tous les coins de la planète, il y a les démunis des pays froids, pas le choix, les demi-démunis qui aspireraient à se parer les pieds de chaussures fermées et ceux qui portent Tongs et autres par praticité. Enfin, nous arrivons donc à notre sujet !
Je suis «tonguiste» depuis plus de vingt ans, impossible de mettre des slaps, ou des Crocks, je ne vous parle même pas des chaussures fermées ! Mon pied s'est tellement évasé avec les années que c'est une torture d'enfiler une paire de pompe, cela m'est quasiment insupportable ! Ma Dame me dit souvent, «Tu pourrais mettre des chaussures correctes», lorsque l'on se rend à des rendez-vous de marque, je fais alors un effort (qu'est-ce que je suis cool, tout de même !). Mais très vite, le naturel revient au galop, je mets mocassins italiens que j'arrive encore plus ou moins à supporter, et surtout pompes d'apparat, celles que j'enfile pour prendre l'avion et retrouver les terres de France, je les mets donc vite, très vite au placard, renfilant vite mes tongs de service où que je sois sur la planète quelque soit le climat ! Mais je sais aussi faire des efforts ! Cela me fait penser à cette première rencontre avec M. (je vous avais dit que j'en reparlerai). Elle eut lieu à Bangkok où je déambule habituellement en tongs quelques soient les circonstances et lieux de présentation mais j'avais senti à lire M. qu'elle aimait les pieds chaussés, confirmé par notre conversation téléphonique lors de la prise de notre rendez-vous, eh bien, j'avais alors mis mes mocassins de vingt ans ! Je ne suis donc pas si sectaire que ça ?
Pourquoi «tonguiste» et non «slapiste» ?
Tout d'abord parce que les SLAP, je trouve ça laid, ce sont des chaussures pour atteindre les bassins d'une piscine publique ou bien se trouvant sur l'huis d'une salle de bain afin d'y déambuler à son aise sans glisser (peut-être, rien est sur)...Même si on trouve de la « slap » haut de gamme tel la fameuse chaussure allemande dont j'ai oublié la marque, je dit ça, car allemands, autrichiens voire suisses sont reconnaissables à ces pompes qui ressemblent plus à des chaussures orthopédiques style « Scholl» d'autant plus que l'on peut y enfiler entre pied et chaussure de belles grandes chaussettes, noires de préférence, ce qui finit le tableau si vous voyez ce que je veux dire ! Quelle élégance !
J'ai aussi réussi à convertir des «slapistes» en «tonguistes», non sans mal et sans souffrance !
En effet, les ampoules sont si vite arrivées entre le gros doigt de pied et le second, le «slapiste» pourrait abandonner très vite sa transformation, sa reconversion en «tonguiste», alors je vous donne une astuce pour vous primo utilisateur de «tongs» ou si vous vous sentez une âme de prédicateur de la cause «tonguiste», je parle de la «tong» lambda, pas celle faite de cuir ou faite de tissu douceâtre mais celle faite de caoutchouc ou plastique plus ou moins dur, je vous parle de l'originale quoi :
Enroulez un sparadrap autour du petit bitoniau central de la «tong», changez le souvent, adieu les ampoules et vous ne mettrez plus jamais de «slaps», vous serez définitivement faisant parti de la confrérie des «tonguistes» !
Il est donc vrai que tout le monde n'a pas le pied siamois ? «Ça y est, il est reparti à délirer le farang ISAN ?», allez-vous peut-être vous dire ! «Qu'est-ce qu'il nous raconte avec son pied siamois , on connaît le pied grec ou égyptien mais le pied siamois, c'est quoi cette con...ie ?». Je dirais alors d'observer les pieds de nos amis thaïlandais, l'espace entre le gros doigt de pied et deuxième doigt de pied est beaucoup plus large que celui d'un occidental ! Si si...Ils ont des pieds à «tongs» donc ! Serait-ce d'en avoir portés depuis des temps ancestraux que leurs pieds se soient adaptés, se sont modifiés au fil des siècles ? Je ne sais pas, je ne suis ni historien ni ethnologue, je suis juste bon à déblatérer des bêtises ? Enfin, quoiqu'il en soit mon pied est devenu siamois, mais est-il prêt à accepter des « Crocks » ?
Pourquoi je dis non aux «Crocks» ?
Elles ont déferlés sur la Thaïlande depuis ces dernières années ! Bien-sur, elles existaient depuis longtemps en occident dans leur forme et leur marque originale ! Des pompes pour les personnels hospitaliers ! Je ne vous dit que ça ! C'est donc la première raison, l'esthétique qui m'a fait refuser le port de ces pompes moulées parsemées de multiples trous !
Les thaïs, ils adorent, c'est solide, mais ils aiment parce qu'ils portent des copies qu'ils peuvent s'acheter, les originales, les moches coûtent tout de même la bagatelle de plus de mille baths ! Les thaïs se sont accaparés l'affaire et l'on rendu presque belle la «Crock», ce n'est pas du luxe, on en trouve désormais des variations à l'infini ! Même JD, lors de notre première rencontre m'a offert une paire, si si, aurait-il voulu me convertir comme il fut converti lui aussi il y a quelques années ? Je le crois ! Il a voulu me corrompre ! Il est vrai qu'avec la «Crock» pas de soucis sur les chemins de terre glissant comme avec la «tong» qui a tendance à riper sur chemin de jungle en montagne par temps de mousson (une histoire vécue du coté de Chiang Maï que je lui avais narrée, peut-être aurais-je du me taire ?), je le reconnais, elle est mieux pour ce type de situation, mais ne devrions pas dans ce cas là mettre de vraies chaussures voire y aller pieds nus ? Et puis se retrouver en montagne par temps de mousson, c'est plutôt rare ? Du moins pour moi ! Bon, ce n'est pas gagné JD, même si mon pied large apprécie, enfin la supporte est le terme approprié, la «Crock» a tendance lorsque l'on conduit une voiture d'être la seule pompe avec laquelle on peut freiner et accélérer en même temps tellement elle est large... Dangereux ! Et puis même si des efforts ont été faits au niveau «look», mon imaginaire me renvoie définitivement dans un hôpital public ou privé au Québec ! Je les garde sous le pied (ah ah !) de toute manière, sait-on jamais, nul n'est l'abri d'une conversion à une quelconque doctrine ou religion, mais là je sens que je vais changer de sujet, restons légers !
Légers comme le sont mes «tongs», idéales en terres tropicales, en toutes saisons, en toutes circonstances ! Légers comme ce sujet, même si j'ai réussi à en mettre une tartine, vous êtes tout de même arrivés à me lire jusque là, jusqu'à cette conclusion !
Que vous soyez «crockiste», «slapiste», même si les «tonguistes» sont d'un premier abord lorsque je rencontre de nouvelles personnes « des gens qui marquent un bon point », je ne suis pas sectaire, je parle, côtoie sans soucis les autres confréries sans discrimination. Ouvert je suis, tels mes pieds toujours à l'air libre profitant du bon climat de l'ISAN, parce que la première raison du port de ce type de pompes est tout d'abord, je ne l'ai pas dit, mais vous l'aurez deviné, le plaisir d'avoir le pied libre et qu'il ne chauffe pas trop !
Pour le reste, tous les goûts et toutes les couleurs sont dans la nature et cela ne se discute pas, on peut juste en plaisanter, on doit même le faire par hygiène mentale, n'est-ce pas ? Alors et vous, vous êtes plutôt Tong, Crock, Slap ou autres ?
Paille Kheundheu...